« J’aimerais que tu me coaches pour l’écriture de mon roman ». Je connais cette marqueteuse depuis quelques années. Je l’avais accompagnée pour une mission d’out placement. Sa demande me surprend. Je n’ai aucune expérience en production littéraire hormis quelques cartes postales pendant les vacances … Qu’attend-elle de moi ?
« Un regard différent sur la narratrice que parfois je suis et que je ne suis plus à d’autres moments ». Cette narratrice bouge beaucoup. « Elle est insolente, souvent provoc et adore avoir le dernier mot ».
En travaillant à son coaching, la romancière en herbe folle veut trouver « du fil et de l’option stratégique ». Elle ressent comme essentiel de se donner un cadre professionnel, stable et exigeant. Elle attend de nos rendez-vous une aide pour persévérer, régler sa création au mieux entre cohérence / unité et inventivité / fantaisie.
Elle veut aussi un lecteur fan de romans qui réagisse et l’alerte quant à la logique, au caractère compréhensible de l’histoire et à la cohérence des personnages, notamment masculins.
Nous entamons une lente progression. Le manuscrit s’épanouit. Les pages blanches se remplissent, les vides du pitch se comblent. Le doute est omniprésent mais toujours « l’envie d’accoucher » se montre la plus forte.
Nos rendez-vous sont autant de jalons qui facilitent les traversées des déserts, occasions pour se poser les questions de tout ordre et de tout niveau. Elles ne manquent pas, lourdes ou futiles, toutes encombrantes pour la romancière qui a commencé de grandir. L’auteure naît en jumelle du roman.
8 mois plus tard le manuscrit peaufiné est envoyé à quelques sociétés d’édition triées sur le volet.
C’est la prestigieuse maison Gallimard qui accepte d’éditer le roman.
Belle histoire.